fais qu’apparaisse ta primitive existence dans le monde une existence qui ne connaît que des directions des chemins vers le bas et vers le haut vers l’obscur et le clair gauchis assez ta photo pour donner à voir le laisser venir dans le savoir faire pour porter l’attention sur la prise de forme offre au regard de se faire à la fois moule et argile en y mettant ton grain d’homme ta photo gauchère sauve la technique de l’IDEAL utilitaire elle surmonte l’isolement subjectif à travers une perception libérée se percevant elle-même dans son épaisseur spacieuse faite d’Histoire et d’occasions d’en sortir à l’affût d’une décoïncidence dans l’approfondissement de chaînes d’inventions d’ordres et de mécanismes emprunte le temps et l’estampille rien n’est offert et tant mieux mort plate de l’évidence toi, sourcier de ces territoires dénivelés en nous où gît notre puissance de transformation dans la rencontre mutatis mutandis trouve un regard qui soit un égard mutte muette mutation pouvoir par une réalité localisée de passer à d’autres lieux et à d’autres moments il n’y a pas de bonne photo si mais le critère de réussite change avec le projet trames d’homme images et mots des autres chair du monde où tu frayes à quel monde s’incorporer refuse au canaux de devenir invisibles fais apparaître la déstructuration du vivre du connaître du juger et de l’agir en une mosaïque d’éléments clairs et distincts ne t’y habitue pas mitraillages effrénés d’états de choses les photos nous déchargeraient de la nécessité de la pensée scandale et nécessité d’une autre scansion là s’affirme la puissance à rebours de la photo gauchère dans son ailleurs s’y voit le laisser venir comme antidote au laisser faire la réticulation comme antidote à la pixellisation du rapport au monde l’opposition ancestrale entre action et contemplation entre travail et rêverie est-elle inévitable installe-toi dans l’intervalle trouve le chaînon manquant le travail rêveur la rêverie industrieuse l’action contemplative au bout d’une longue chaîne de dispositions prises parviens, fugacement à la coïncidence des déterminations occasionnelles du monde avec cette attente d’une réalité intermédiaire le devenir a des vitesses si variables on peut tout dire de lui d’un côté, il dégrade il corrompt de l’autre, il est le principe vital par excellence et le geste technique c’est étonnant il est toujours du mauvais côté du côté qui cloche pour les anciens l’action qui dégrade pour les modernes l’artificiel qui pétrifie mais ce qui cloche résonne et fait raisonner le geste technique peut rebattre les cartes et saisir ce qui dans la vitesse a nécessité une longue et lente préparation une vie dans les plis de la machine et sous cette couche la nature est un temple et la lecture inverse si notre nature est culture et si la culture est métamorphose alors le temple est-il nature défi d’hier d’aujourd’hui et de demain dire ou faire la preuve de notre capacité d’infini sans se faire coffrer par La Perfection le silence dans la parole ou la parole dans le silence où faisons-nous le point dans l’invention ici comme là duo ternaire toi moi et nos absents matière infinie retranchons trouvons la crête commune tailleurs de l’épaisseur diamantaires le lieu où le silence est dense valse
Lia KURTS